Un médicament pour soulager l’enflure réduit la réponse immunitaire même des semaines après la prise de la dernière dose
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La cartographie de la diversité des cellules immunitaires révèle l’effet délétère de la dexaméthasone sur l’immunothérapie en cas de cancer du cerveau
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L’enflement provoqué par le cancer du cerveau constitue une menace sérieuse entraînant des effets secondaires graves, voire mortels. Il est certes important de contrôler l’enflure, mais une étude récente a démontré que certains médicaments couramment prescrits affaiblissent le système immunitaire pendant des semaines après la prise, entravant ainsi la capacité de l’organisme à combattre le cancer.
Une équipe internationale de scientifiques du Canada et des États-Unis a étudié les cellules myéloïdes chez des patients atteints de cancer du cerveau. Ces cellules occupent une grande proportion de toutes les cellules chez les tumeurs cérébrales malignes, et elles jouent un rôle clair dans l’immunosuppression. Pour connaître leur incidence sur la réponse immunitaire au cancer, les chercheurs se sont servis de la transcriptomique à -cellule-unique et spatiale sur des cellules myéloïdes provenant de plus d’une centaine de tumeurs cérébrales. La transcriptomique à -cellule-unique permet de révéler l’expression de l’ARN dans une cellule, donnant ainsi une idée de sa fonction, tandis que la transcriptomique spatiale dévoile son positionnement dans les tissus.
Les chercheurs ont alors découvert une organisation cellulaire cohérente dans le cancer du cerveau, où chaque type de cellule myéloïde se retrouve dans des zones spécifiques selon son rôle.
Ils ont notamment découvert deux types de cellules myéloïdes immunosuppressives dans les tumeurs : l’une liée à des zones de tissus mortes et l’autre liée à un traitement anti-enflement. Chez les patients traités par dexaméthasone, ces cellules avaient un effet immunosuppresseur beaucoup plus élevé que chez ceux qui ne l’avaient pas prise, et cet effet augmentait en fonction de la dose.
Les scientifiques ont ensuite exposé des cellules myéloïdes, par ailleurs non immunosuppressives, à la dexaméthasone et ont alors observé qu’elles devenaient rapidement immunosuppressives. Cet effet a perduré des semaines après la dernière administration du médicament.
Afin de combattre le cancer, chez certains patients, les médecins ordonnent des traitements pour renforcer la réponse immunitaire de l’organisme aux cellules malignes. Cette étude démontre que la dexaméthasone, un médicament couramment recommandé à tous les patients atteints d’un cancer du cerveau, risque d’inhiber cette réponse, même si la dernière prise de ce médicament remonte à plusieurs semaines avant le début de l’immunothérapie.
Selon l’un des principaux auteurs de l’étude, le Dr Charles Couturier, neurochirurgien et chercheur au Neuro (Institut-Hôpital neurologique de Montréal) affilié à l’Université 91ÉçÇø : « Les médecins devraient se demander si la dexaméthasone est vraiment nécessaire dans chaque cas où elle est prescrite. Il importe de concilier la nécessité de réduire l’enflure avec le besoin d’obtenir une réponse immunitaire efficace. Nous devons trouver des solutions autres que la dexaméthasone, qui n’inhibent pas cette réponse chez les patients ».
L’article, intitulé «  » (Programmes, origines et fonctions immunomodulatrices des cellules myéloïdes dans les gliomes), a été publié dans la revue Nature le 26 fevrier, 2025. Il a reçu le financement, entre autre, des Instituts de recherche en santé du Canada, du Fonds de recherche du Québec – Santé, des National Institutes of Health et du Koch Institute for Integrative Cancer Research.
À propos du Neuro
L’Institut-Hôpital neurologique de Montréal, ou tout simplement le Neuro, est un établissement bilingue, de calibre mondial dédié à la recherche sur le cerveau et aux traitements de pointe. Fondé en 1934 par un éminent neurochirurgien, le Dr Wilder Penfield, il est parvenu au premier rang des centres cliniques et de recherche spécialisés en neurosciences au Canada et se classe parmi les plus importants dans le monde. L’intégration harmonieuse de la recherche, des soins aux patients et de la formation de brillants scientifiques, positionne avantageusement le Neuro au plan international pour intervenir de façon décisive dans la compréhension des troubles neurologiques et leur traitement. Premier établissement universitaire au monde à adopter complètement la science ouverte, il parvient ainsi à accélérer la création du savoir et la découverte de nouvelles options thérapeutiques efficaces pour les affections cérébrales. En tant qu’institut de recherche et d’enseignement, le Neuro relève de l’Université 91ÉçÇø et il assume la Mission en neurosciences du Centre universitaire de santé 91ÉçÇø. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site