Dans la lutte contre les maladies, les cellules nerveuses ont besoin de leur armure
Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’Institut neurologique de Montréal (INM), de l’Université 91ÉçÇø et de l’Université de Montréal ont découvert un mécanisme essentiel au maintien de la structure normale de la myéline, la gaine protectrice qui isole et soutient les cellules nerveuses (neurones). Jusqu’à maintenant, on savait très peu de choses sur le maintien de la myéline. Cette nouvelle information fournit des indications vitales sur des maladies comme la sclérose en plaques et d’autres maladies de démyélinisation progressive, c’est-à -dire la destruction de la myéline, ce qui cause une dégénérescence irréversible et perturbe la capacité des cellules nerveuses à transmettre des messages. La recherche, publiée dans Journal of Neuroscience, est la première à identifier un rôle pour la protéine nétrine-1, qu’on caractérisait auparavant seulement dans le système nerveux en développement, avec cette fonction vitale dans le système nerveux adulte. Cette recherche a été financée par la Société canadienne de la sclérose en plaques et les Instituts de recherche en santé du Canada.
On sait que la nétrine-1, une protéine qui tire son nom du terme sanskrit, une ancienne langue indienne, qui signifie « celui qui guide », guide et dirige les axones des cellules nerveuses vers leurs cibles. Dans les études biologiques moléculaires qu’ils ont effectuées, les chercheurs ont constaté que bloquer la fonction de la nétrine-1 et de l’un de ses récepteurs dans le tissu nerveux adulte cause la rupture de la myéline. « Nous savons depuis un peu plus de 10 ans que la nétrine est essentielle au développement normal du système nerveux, et nous savons aussi que la nétrine est présente dans le cerveau adulte, mais nous ne savions pas pourquoi. C’est intéressant de réaliser que la nétrine-1 joue un rôle si vital dans le maintien de la structure de la myéline du système nerveux adulte », souligne le Pr Tim Kennedy, un neuroscientifique à l’INM et un chercheur principal de l’étude, pour qui continuer à approfondir les implications de ce fait est très stimulant. « Notre mission est de trouver un traitement aussi rapidement que possible et d’améliorer la qualité de vie », dit Karen Lee, vice-présidente adjointe des programmes de recherche à la Société canadienne de la sclérose en plaques. « Nous sommes heureux de subventionner des travaux qui cadrent avec notre mission et nous pensons que cette recherche nous permet de mieux comprendre les facteurs et les processus qui pourraient aider la remyélinisation. »
Les résultats de cette étude, une collaboration entre le laboratoire du Pr Kennedy, des chercheurs cliniciens du groupe de recherche en neuroimmunologie de l’INM dirigé par le Dr Jack Antel, et le laboratoire de la Pre Adriana Di Polo à l’Université de Montréal, sont particulièrement importants pour le Canada qui a un des taux les plus élevés de sclérose en plaques (SP) au monde, avec environ 1000 nouveaux cas de SP diagnostiqués chaque année. « Il s’agit d’un nouveau domaine prometteur de recherche qui pourrait mener à de nouvelles stratégies de traitement et à terme améliorer la vie des personnes souffrant de SP. Nous sommes fiers de financer cette recherche concertée entre des spécialistes de la recherche fondamentale et clinique », a souligné le Dr Rémi Quirion, directeur scientifique de l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des IRSC.
La SP est une maladie du système nerveux central qui entraîne une démyélinisation. Comprendre les facteurs qui interviennent dans le maintien de la myéline et favorisent la remyélinisation offre de nouveaux ciblages et avenues thérapeutiques pour traiter la SP. Comme l’a décrit le Dr Jack Antel, « Les thérapies actuelles de la SP visent à bloquer l’inflammation. Afin de protéger et de restaurer la myéline, il est essentiel de comprendre les molécules qui interviennent dans ces processus. Nous sommes dans une nouvelle ère de neurobiologie de la SP ». Les chercheurs poussent leurs travaux encore plus loin en faisant équipe avec la clinique de SP et des médecins de l’INM, ce qui leur donnera accès à une quantité considérable de données sur les patients et leur permettra d’avoir une perspective clinique plus large.
Qui plus est, ce mécanisme découvert récemment suppose une cascade de molécules protéiques dont on ne savait pas qu’elles intervenaient dans la myélinisation. L’étude a été menée sur des souris et en utilisant des cultures de cellules in vitro. Les chercheurs ont découvert que la myéline se développe normalement, mais se décompose par la suite. Fait intéressant, cela reflète à certains égards ce qui se produit dans certaines maladies de démyélinisation comme la SP, dans laquelle la myéline se forme et peut être stable pendant des années, mais est rompue et commence à se décomposer. Plus particulièrement, les résultats de cette étude montrent que la nétrine-1 et son récepteur sont indispensables pour tenir les jonctions paranodales en place, et ainsi maintenir la structure de la myéline. La jonction paranodale est une région très spécialisée de contact où une cellule oligodendrocyte s’attache à l’axone de la cellule nerveuse. Ce point de jonction agit comme une barrière moléculaire, qui organise et ségrègue la distribution de protéines clés le long de l’axone des cellules nerveuses et joue un rôle très important dans la transmission appropriée des signaux électriques le long de la cellule nerveuse. Lorsque la fonction de la nétrine-1 et de son récepteur est interrompue, l’organisation de cette jonction adhésive se décompose, rompant la fonction des cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière.
Ces travaux ont été soutenus par des subventions de la Société canadienne de la sclérose en plaques et les Instituts de recherche en santé du Canada, une bourse de stagiaire de recherche de la Société canadienne de la sclérose en plaques, et une bourse de recherche Jeanne Timmins Costello de l’Institut neurologique de Montréal. Tim Kennedy est un chercheur-boursier des fiducies Killam et boursier du programme Chercheurs nationaux du Fonds de la recherche en santé du Québec.
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Octobre 2009 marque le 75e anniversaire de l’INM. L’INM est un institut de recherche et d'enseignement de l’Université 91ÉçÇø, qui se consacre à l'étude du système nerveux et des maladies neurologiques. Fondé en 1934 par l'éminent Dr Wilder Penfield, l'INM est l'un des plus grands instituts du genre au monde. Ses chercheurs sont des chefs de file mondiaux en neurosciences cellulaires et moléculaires, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l'étude et le traitement de l'épilepsie, de la sclérose en plaques et des troubles neuromusculaires. L'INM et son partenaire clinique, l'Hôpital neurologique de Montréal (HNM), rattaché au Centre universitaire de santé 91ÉçÇø, continuent d'intégrer recherche, soins aux patients et formation. Reconnu comme un des premiers centres de neurosciences au monde, l’INM s’efforce d’appuyer par des investissements les professeurs, le personnel et les étudiants qui mènent de remarquables recherches, prodiguent des soins de pointe avec compassion et préparent la prochaine vague de percées médicales. Par leur grand talent et leur détermination, ces chercheurs sont l'âme de la recherche, la clé du progrès des soins médicaux. Un nouveau bâtiment, prolongement de l'aile nord, est en construction; il abritera des installations ultramodernes d'imagerie cérébrale. Une fois la construction achevée et les équipements installés, les scientifiques engagés dans la recherche en imagerie cérébrale à l'INM y formeront un groupe sans équivalent dans le monde.
La Société canadienne de la sclérose en plaques
La SP est une maladie chronique, souvent invalidante, du cerveau et de la moelle épinière. Il s’agit de la maladie neurologique la plus répandue chez les jeunes adultes au Canada. Elle est le plus souvent diagnostiquée chez les personnes dont l’âge varie entre 15 et 40 ans; chez les personnes atteintes, les effets imprévisibles de la SP se manifestent pour le reste de leur vie. La Société canadienne de la SP offre des services aux personnes atteintes de la maladie et à leur famille; elle finance aussi des projets de recherche destinés à trouver la cause et le traitement de cette maladie. Visitez le site Web ou appelez au numéro 1-800-268-7582 pour faire un don ou pour obtenir des renseignements complémentaires.
IRSC
Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) sont l’organisme de financement de la recherche en santé du gouvernement du Canada. Leur objectif est de créer de nouvelles connaissances scientifiques et de favoriser leur application en vue d’améliorer la santé, d’offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada. Composés de 13 instituts, les IRSC offrent leadership et soutien à près de 12 000 chercheurs et stagiaires en santé dans tout le Canada.