Des chercheurs de 91ÉçÇø et de l'HGJ réussissent à supprimer la sclérose en plaques chez des animaux
Un nouveau traitement immunosuppresseur entraîne la rémission chez des souris
Un nouveau traitement expérimental pour la sclérose en plaques (SP) rétrocède complètement cette affection auto-immune aux effets dévastateurs chez des souris, et pourrait agir exactement de la même façon chez les humains, selon des chercheurs de l'Institut Lady Davis pour la recherche médicale associé à l’Hôpital général juif de Montréal et de l’Université 91ÉçÇø.
La SP est une maladie auto-immune qui pousse la réaction immunitaire de l’organisme à attaquer le système nerveux central, un peu comme si le corps était devenu allergique à lui-même, ce qui engendre une invalidité physique et cognitive progressive.
Le nouveau traitement, nommé GIFT15, pousse la SP en rémission en supprimant la réaction immunitaire. Cela signifie qu’il pourrait aussi être efficace contre d’autres maladies auto-immunes, comme la maladie de Crohn, le lupus et l’arthrite, soulignent les chercheurs et qu’il pourrait en théorie aussi contrôler les réactions immunitaires chez des greffés d’organe. Par ailleurs, contrairement aux thérapies immunosuppressives précédentes à base de médicaments chimiques, cette approche est une forme personnalisée de thérapie cellulaire qui utilise les propres cellules du corps pour supprimer l’immunité de façon beaucoup plus ciblée.
Le GIFT15 a été découvert par une équipe dirigée par le Dr Jacques Galipeau de l'Institut Lady Davis et de la Faculté de médecine de 91ÉçÇø. Les résultats seront publiés le 9 août dans la revue Nature Medicine.
Le GIFT 15 se compose de deux protéines, la GSM-CSF et l’interleukine 15, fusionnées artificiellement en laboratoire. En temps normal, les protéines individuelles agissent généralement pour stimuler le système immunitaire, mais sous leur forme fusionnée, l’équation s’inverse.
« Vous connaissez ces animaux mythiques à la tête d’aigle et au corps de lion? On les appelle des chimères. Dans un sens lyrique, c’est ce que nous avons créé », indique le Dr Galipeau, un spécialiste de renommée mondiale en régénération cellulaire affilié au Centre du cancer Segal de l’Hôpital général juif et du Centre de recherche translationnelle sur le cancer de 91ÉçÇø. « Le GIFT 15 est une nouvelle hormone protéique composée de deux protéines distinctes qui, lorsqu’on les réunit, donne un effet biologique tout à fait inattendu. »
Cet effet, d’expliquer le Dr Galipeau, convertit les cellules B – une forme de lymphocytes B qui interviennent normalement dans la réaction immunitaire – en de puissantes cellules immunosuppressives. À la différence de leurs cousins mieux connus, les lymphocytes T, les lymphocytes B naturellement immunosuppressifs sont presque inconnus dans la nature et l’idée de les utiliser pour contrôler l’immunité est très nouvelle.
« Le GIFT 15 peut prendre vos cellules B ordinaires normales et les transformer – à la manière de Superman ou du Docteur Jekyll et de Mister Hyde – en cellules B régulatrices superpuissantes », poursuit le Dr Galipeau. « Et cela se fait dans une boîte de Pétri. Nous avons pris des cellules B normales de souris, nous les avons saupoudrées du GIFT 15, ce qui a donné lieu à cet effet Jekyll et Hyde.
« Et après les avoir administrées par voie intraveineuse aux souris atteintes de sclérose en plaques, la maladie a disparu. »
La maladie doit être prise au tout premier stade, met en garde le Dr Galipeau, et des études cliniques seront nécessaires pour éprouver l’efficacité et l’innocuité du traitement chez les humains. Aucun effet secondaire important n’est apparu chez les souris, a-t-il ajouté, et le traitement a été complètement efficace avec une seule dose.
« Il est facile de prélever des cellules B chez un patient », indique le spécialiste. C’est semblable à donner du sang. Nous les purifions en laboratoire, nous les traitons avec le GIFT 15 dans une boîte de Pétri et nous les redonnons au patient. C’est ainsi que nous avons procédé pour les souris, et nous estimons pouvoir procéder ainsi avec des patients. Ce serait très facile de passer à l’étape suivante, il s’agit seulement de trouver les ressources financières et les partenariats pour concrétiser le tout. »