Trois pour un : des chercheurs de Montréal découvrent le gène à la source de trois formes de maladies neurodégénératives infantiles
Une équipe internationale dirigée par des chercheurs de Montréal a trouvé le gène muté responsable de trois formes de leucodystrophies, un groupe de troubles neurodégénératifs orphelins qui se révèlent pendant l’enfance. Des mutations du gène ont été décelées chez des individus dans plusieurs pays, mais une mutation est plus fréquente chez des patients francophones du Québec. L’article, publié dans le numéro de septembre de l’American Journal of Human Genetics, a été choisi pour son intérêt dans la chronique Editors' Corner du périodique. Les résultats mettent en lumière un nouveau mécanisme à la base de ces troubles dans le cerveau et sont déterminants pour le développement de tests de diagnostic et de la consultation génétique pour les familles.
Rien ne permet de guĂ©rir en ce moment les leucodystrophies, un groupe de maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives hĂ©rĂ©ditaires qui affectent en particulier la substance blanche du cerveau. Cette dernière isole les axones, ce prolongement des neurones permettant la bonne transmission de l’influx nerveux. Nombre d’enfants atteints d’une leucodystrophie semblent normaux Ă la naissance et manifestent peu ou aucun signe qu’ils en sont atteints. Des symptĂ´mes comme de la difficultĂ© Ă marcher, des chutes ou des tremblements apparaissent graduellement. Avec les annĂ©es, les sujets perdent leur mobilitĂ©, la parole et la capacitĂ© de s’alimenter; Ă l’adolescence, il arrive souvent qu’ils utilisent un fauteuil roulant ou soient clouĂ©s au lit. La majoritĂ© des patients meurent prĂ©maturĂ©ment. L’évolution et les symptĂ´mes varient selon le type de leucodystrophie. On estime que de 30Ěý% Ă 40Ěý% au moins des personnes ayant une leucodystrophie restent sans diagnostic prĂ©cis malgrĂ© des examens approfondis.
Les chercheurs de MontrĂ©al ont trouvĂ© les premières mutations du gène POLR3A chez des familles du QuĂ©bec. Par la suite des mutations du mĂŞme gène ont Ă©tĂ© identifiĂ©es chez des malades aux É.-U., en Syrie, au Guatemala, en France et d’autres pays europĂ©ens. L’équipe internationale, dirigĂ©e par les Drs Bernard Brais et Geneviève Bernard, comptait des scientifiques de MontrĂ©al, de Washington D.C., de Dallas, de Beyrouth, de Paris, de Clermont-Ferrand et de Bordeaux. Le groupe a pu dĂ©montrer que des mutations du mĂŞme gène POLR3A localisĂ© sur le chromosomeĚý10 sont responsables de trois formes cliniquement diffĂ©rentes de leucodystrophiesĚý: le syndrome de tremblements-ataxie et hypomyĂ©linisation centrale (TAHC), dĂ©crit chez des sujets du QuĂ©bec, la leucodystrophie avec oligodontie (LO), et le syndrome 4H pour hypomyĂ©linisation, hypodontie et hypogonadisme hypogonadotropique.
«ĚýNous avons trouvĂ© diffĂ©rentes mutations du gène POLR3A qui code pour une sous-unitĂ© clĂ© de l’ARN polymĂ©rase III (Pol III), un complexe protĂ©ique très conservĂ© Ă travers les espèces dont le rĂ´le est crucial dans l’expression gĂ©nique, et maintes autres voies importantesĚý», explique Dr Brais. «ĚýCette dĂ©couverte est Ă©tonnante, Ă©tant donnĂ© le rĂ´le essentiel de Pol III pour toutes les cellules. Elle est Ă©galement encourageante, car si nous parvenons Ă trouver quelles cibles de Pol III engendrent la maladie lorsqu’elles sont diminuĂ©es, nous pourrons dĂ©velopper des stratĂ©gies thĂ©rapeutiques pour les remplacerĚý». La recherche a Ă©tĂ© menĂ©e au laboratoire du Dr Brais au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al (CRCHUM). Dr Brais est maintenant clinicien-chercheur Ă l’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©al, le Neuro de l’UniversitĂ© 91ÉçÇř, et Ă l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© 91ÉçÇř (IR du CUSM). DreĚýGeneviève Bernard a rĂ©cemment Ă©tĂ© recrutĂ©e comme clinicienne-chercheuse Ă l’HĂ´pital de MontrĂ©al pour enfants et Ă l’IR du CUSM.
Cette recherche était subventionnée par la sur les leucodystrophies, instituée par les parents d’un enfant du Québec atteint de cette maladie orpheline, dans le but de trouver un traitement curatif (). L’Association Européenne contre les Leucodystrophies () a aussi accordé son soutien. Les deux fondations ont pour mission de mieux faire connaître la maladie, de réunir les fonds indispensables pour la recherche et de prêter main-forte aux familles. Le Réseau de médecine génétique appliquée du Québec (RMGA) et le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) ont également subventionné l’étude.
L’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©alĚý:
L’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©al, le Neuro, est un centre mĂ©dical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Cet institut de recherche et de formation rattachĂ© Ă l’UniversitĂ© 91ÉçÇř est au cĹ“ur de la mission en neurosciences que s’est donnĂ©e le Centre universitaire de santĂ© 91ÉçÇř. FondĂ© en 1934 par le rĂ©putĂ© Dr Wilder Penfield, le Neuro est reconnu dans le monde entier pour la manière dont il intègre la recherche, des soins prodiguĂ©s avec compassion aux patients et la formation de pointe, autant de facteurs sans lesquels la science et la mĂ©decine ne pourraient progresser. Ses chercheurs sont des chefs de file mondiaux dans les neurosciences cellulaires et molĂ©culaires, en imagerie cĂ©rĂ©brale, en neurosciences cognitives ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclĂ©rose en plaques et des troubles neuromusculaires. Dans son budget de 2007, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a fait de l’Institut neurologique de MontrĂ©al un des sept centres d’excellence du Canada, ce qui a lui a permis d’obtenir 15 millions de dollars pour financer ses recherches et ses activitĂ©s de commercialisation dans le domaine des maladies neurologiques et des neurosciences.
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