Une étude du CUSM met au jour une nouvelle cause du cancer colorectal
Une revue de plus de 140 études scientifiques sur le cancer colorectal suggère qu'il existerait une méthode plus efficace de diagnostic et de prévention pour cette maladie mortelle.
Selon le point de vue classique, le cancer colorectal est causé par le signal d'un gène altéré qui commande la croissance cellulaire. Mais une étude d'un pathologiste du Centre universitaire de santé 91ÉçÇø (CUSM), le Dr Jeremy Jass, qui sera publiée dans le numéro de septembre de la revue Gastroenterology, laisse entendre que la maladie proviendrait de la défaillance d'un signal qui contrôle normalement la mort cellulaire.
« La différence entre ces deux mécanismes qui engendrent la prolifération des cellules peut sembler subtile, mais notre recherche présente un modèle entièrement nouveau d'explication de l'évolution du cancer colorectal », dit le Dr Jass. « Jusqu'ici, le type de polype - petite excroissance de la paroi du côlon - qui se développe lorsqu'une cellule refuse de mourir était considéré comme complètement inoffensif. Toutefois, quand une cellule n'obéit pas aux signaux régulant sa mort, elle peut continuer sa croissance, même privée de sa faculté de réparer son propre ADN endommagé. »
L'inhibition du gène régulant la mort cellulaire est attribuable à une modification chimique de l'ADN, appelée la méthylation. C'est le même mécanisme qui inhibe les gènes de réparation des dommages de l'ADN. La méthylation de l'ADN diffère de la mutation, changement dans la structure d'un gène, en ce qu'elle est potentiellement réversible. Cependant, dès que les cellules perdent leur faculté de réparation de l'ADN, il se produit des mutations génétiques permanentes et l'évolution vers le cancer est alors rapide.
Le Dr Jass conclut de ces études qu'un affaiblissement de la mort cellulaire programmée est vraisemblablement la première étape menant la cellule vers le cancer. « Cette étude est importante, car elle transformera radicalement notre perspective en matière de prévention, de traitement et de diagnostic de la maladie », déclare le Dr Jass.
« Nous espérons utiliser ce modèle pour concevoir de meilleurs programmes de dépistage du cancer colorectal, qui réussissent à repérer plus précisément les sujets à risque », ajoute-t-il.
Les cancers du côlon et du rectum, qu'on appelle cancers colorectaux, sont des tumeurs malignes qui se développent dans le gros intestin. Selon les estimations des Statistiques canadiennes du cancer, 17 200 cas de cancer colorectal seront diagnostiqués en 2002. Quant au nombre de décès imputables au cancer, seul le cancer du poumon dépasse le cancer colorectal.
« Notre recherche fait ressortir l'importance des examens de dépistage réguliers chez les personnes de plus de 50 ans et chez les sujets identifiés comme étant à risque. Le cancer colorectal est presque toujours une maladie qu'on peut prévenir par un dépistage approprié », déclare le Dr Jass.