La musicothérapeute Anne Lacourse et la massothérapeute Julie Jobin rayonnent d’enthousiasme quand elles décrivent leur partenariat thérapeutique en soins palliatifs. Sept ans après avoir travaillé ensemble à différents milieux comme les cliniques de traitement du cancer et les unités d’oncologie de l’hôpital St. Mary’s, leur rêve de travailler ensemble dans une unité consacrée aux soins palliatifs s’est enfin réalisé, quand elles se sont jointes l’année passée à la maison St-Raphaël, un hospice de 12 lits.
Ă la maison St-RaphaĂ«l de MontrĂ©al, Anne et Julie ont pu accompagner les patients avec compassion en recourant Ă l’usage thĂ©rapeutique de la musique et du massage. Le but de la thĂ©rapie est d’offrir au patient une expĂ©rience agrĂ©able et attentionnĂ©e afin de rĂ©duire « la douleur globale» soit la douleur physique, Ă©motionnelle et spirituelle. Les patients en fin de vie sont rarement touchĂ©s sinon ce sont des touchĂ©s douloureux reçus lors des traitements. Par contre, la massothĂ©rapie active plusieurs neurotransmetteurs, y compris les endorphines qui rĂ©duisent la douleur et l’anxiĂ©tĂ© et favorise un sentiment de bien-ĂŞtre.Ěý
Les deux thérapeutes ont remarqué que lorsqu’on utilise la musique et le massage simultanément, un effet synergétique se produit là où le massage ouvre la porte à l’expérience musicale et permet aux patients de se sentir rapidement moins détendu et de bénéficier de multiples avantages comme la réduction de la douleur, la diminution de la tension émotionnelle et un sentiment de sécurité et d’être soutenu.
Anne et Julie ont noté également que la combinaison de la massothérapie et de la musicothérapie est une approche particulièrement efficace pour réduire l’anxiété et aider les patients à gérer le stress et les transitions difficiles, comme les récentes pertes d’autonomie ou les changements du traitement liés à la progression de la maladie.
« La musicothérapie et la massothérapie sont très efficaces pour gérer le stress lié au changement, comme la récente perte de l’autonomie. Quand le stress est associé à une transition ou lorsqu’une adaptation est nécessaire, c’est là qu’on peut intervenir pour aider à soulager une douleur physique ou émotionnelle. Le toucher et la musique apportent une aide réelle à la personne en transition. Il s’agit du vrai accompagnement».
Anne Lacourse est une pianiste en premier lieu mais elle utilise, dans le cadre de son travail de musicothérapeute, sa voix et plusieurs instruments comme la harpe, la guitare et les carillons. Et même si elle possède un répertoire de chansons disponible pour les demandes spéciales des patients, sa musique est improvisée en grande majorité.
« J’utilise différents instruments, mais la harpe surtout à cause de la douceur du son. Il suffit de produire la première note pour avoir un effet apaisant. Je chante et j’improvise également avec ma voix. La voix accompagne bien le massage et aide à soulager le patient. Les gens nous disent souvent qu’ils ne sont pas habitués à éprouver tant de tendresse.»
Il n’y a pas que les patients qui bénéficient de cette combinaison magique. à la maison St-Raphaël, les membres de la famille sont souvent présents avec les patients (quand les règlements COVID le permettent) et apprécient autant l’expérience. Quand Anne et Julie entrent en scène, les membres de la famille ferment souvent les yeux pour apprécier la musique sachant que leurs êtres chers se font toucher avec soin.
Les sessions se déroulent habituellement selon l’intuition et l’écoute spontané et non pas en suivant un plan formel. Les deux thérapeutes se permettent d’être guidées par leur perception du patient, son rythme de respiration et leur désir de l’accompagner avec autant de compassion que possible. Pour elles, le patient est le « chef d’orchestre » et leur rôle est de réunir leur expertise afin de faciliter son expérience.
« Ce qui est formidable dans notre pratique est que mon travail se fait en harmonie avec celui de Julie. La plupart du temps j’improvise la musique que je joue, je l’adapte aux mouvements du massage et Julie agit de la même manière. Dans 90 % des cas on n’a même pas besoin de se regarder. C’est comme une danse qui se crée avec le patient, au rythme de sa respiration. Nous nous arrêtons au même moment, car la musique et le mouvement sont interreliés. »
Anne et Julie croient que leur relation exceptionnelle est due au fait qu’elles sont sur la même longueur d’onde, tant au niveau professionnel que personnel. Elles partagent le même système profond de valeurs et le même désir d’accompagner les gens avec compassion. Les deux croient à la force de chaque patient et apprécient fondamentalement aider les gens à vivre le moment présent et éprouver ce sentiment de bien-être, de tendresse et de dignité.
« Les gens viennent aux soins palliatifs pour les derniers mois ou les dernières semaines de vie. Ils savent ce qui les attend et viennent ici pour mourir. On peut toutefois avoir de très bons moments à la fin de sa vie. La musique et le massage aideraient les patients à jouir d’un sentiment de bien-être maintenant. Je pense à un monsieur qu’on avait récemment accompagné et qui nous avait dit, « Je ne sais pas ce qui m’attend de l’autre côté, mais je me sens vraiment bien ici et maintenant. »
Pour voir la musicothérapeute Annie Lacourse et la massothérapeute Julie Jobin au travail avec le médecin en soins palliatifs, le Dr Benoit Deschamps, aller à l’adresse suivante :
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