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Sam Victor

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Sam VictorBoursier postdoctoral BMO 2022-2023

Université de Cambridge | sav33 [at] cam.ac.uk (Courriel)

Originaire des États-Unis, Sam Victor a déménagé à Montréal en 2008, ville qui l’a chaleureusement adopté. Il est titulaire d’un baccalauréat en études françaises (Université Concordia, 2013), d’une maitrise en anthropologie (Université de Montréal, 2018) et, très bientôt, d’un doctorat en anthropologie sociale (Université de Cambridge). Sam Victor est passionné par l’étude des dimensions éthico-morales et politiques de la rencontre interculturelle. Sa recherche focalise sur les aspects réflexif et délibératif des relations sociales, surtout les processus d’évaluation par lesquelles les gens déterminent ce qui est important dans la vie ainsi que les stratégies de persuasion qu’ils élaborent afin de communiquer cela aux autres.

Sa recherche doctorale s’appuie sur un terrain ethnographique de 18 mois parmi une congrégation protestante évangélique en banlieue de Nashville au Tennessee (1 800 membres, classe moyenne aisée, surtout des Blanc·he·s). Depuis au moins une génération, cette communauté rejette la lecture dite littéraliste de la Bible et tente de développer une méthode alternative pour acquérir le savoir religieux. Sam Victor a examiné les effets de ce changement épistémologique sur l’imagination éthique des membres de l’église quant à la réconciliation des différences théologiques et politiques au sein de la congrégation, de même qu’en matière d’évangélisation, soit la façon dont il·elle·s conçoivent l’éthique de la propagation du christianisme dans le monde.

Le projet de recherche postdoctoral CRIEM-BMO 2022-2023 de Sam Victor, sous la supervision de la professeure Hillary Kaell, s’intitule provisoirement La religion en public, le patrimoine matériel et la valeur sociale des espaces sacrés à Montréal. Si sa recherche précédente a misé sur le côté discursif du savoir religieux, le projet postdoctoral mettra l’accent sur les dimensions matérielles, spatiales et esthétiques de l’expression publique de la religion. Il examinera le statut des espaces sacrés dans la sphère publique montréalaise et l’adaptation des membres d’une église aux normes séculières des institutions municipales quant aux propriétés religieuses patrimoniales.

À travers le Canada, les églises patrimoniales sont converties en espaces séculiers, soit en immobilier résidentiel, en centres de conditionnement physique et même en boîtes de nuit. Plusieurs sont cibles de démolition. Dans le contexte de réaménagement d’anciens lieux sacrés, ce projet de recherche focalise sur une congrégation anglicane évangélique au centre-ville de Montréal qui, en mobilisant un réseau transnational de soutien financier et spirituel avec des nœuds importants aux États-Unis et au Royaume-Uni, s’est approprié une église patrimoniale pour la transformer en un espace non exclusivement chrétien ni religieux. Si les membres de l’église s’y rencontrent pour l’adoration et d’autres activités chrétiennes, le bâtiment héberge aussi une congrégation juive, des organisations communautaires sans affiliation confessionnelle (p. ex. des services aux réfugié·e·s et aux jeunes) et même un groupe de cirque qui utilise la nef comme scène de répétition et de spectacle.

Cette orientation est frappante de prime abord puisque les évangéliques, conservateur·rice·s sur le plan religieux et social, sont connus pour affronter les tendances pluralistes plutôt que d’y participer. Cependant, nous soutenons qu’elle témoigne en fait de changements significatifs dans la logique spirituelle et relationnelle de la propagation religieuse chez les évangéliques en contexte urbain contemporain. Au lieu de miser sur le prosélytisme, ces évangéliques cherchent à démontrer autrement la vertu chrétienne en présentant l’espace même de l’église comme un bien public. Selon les innovations théologiques qu’il·elle·s élaborent, la consécration des espaces se fait en collaboration avec les environs non chrétiens de l’église afin de poursuivre à une mission sociale partagée par toute la communauté locale, peu importe l’identité religieuse des citoyen·ne·s. La recherche examinera donc comment les membres de l’église étudiée conçoivent et aménagent les lieux afin de persuader les autres de la valeur sociale et publique des espaces sacrés, ainsi que les frictions et malentendus qui en découlent.

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