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Jonathan Sievers et Jennifer Welsh nommés titulaires d’une chaire de recherche Canada 150

Deux nouvelles ressources en astronomie et en relations internationales se joignent à 91
ʳܲé: 29 March 2018

Le cosmologiste Jonathan Sievers et la spécialiste des relations internationales Jennifer Welsh sont les nouveaux titulaires d’une chaire de recherche Canada 150 à l’Université 91. Ces nominations font partie des aujourd’hui par la ministre des Sciences KirstyDuncan, au Musée canadien de l’histoire à Gatineau (Québec).

Le Programme des chaires de recherche Canada150, mis sur pied pour souligner le 150eanniversaire du pays, vise à y attirer des chercheurs et des universitaires internationaux de haut calibre ayant fait leur marque dans leur domaine. Dans le cadre du programme de financement ponctuel de 117,6 millions de dollars, les chaires sont attribuées pour une période de sept ans et sont dotées de 350 000dollars par année ou d’un million de dollars par année, selon la catégorie.

Les nouveaux titulaires d’une chaire contribueront à façonner l’avenir de deux unités de recherche de 91 en plein essor. M. Sievers se joindra au Département de physique de la Faculté des sciences et à l’Institut spatial de 91 en août, tandis que Mme Welsh se joindra au Département de sciences politiques de la Faculté des arts et à la toute nouvelle École de politiques publiques Max Bell en janvier.

« Nous sommes absolument ravis d’accueillir ces deux chercheurs de renommée mondiale, grâce au programme de chaires de recherche Canada 150 du gouvernement canadien », a indiqué la professeure Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière de l’Université 91. « Ils viendront consolider la solide expertise du pays dans les domaines de l’astronomie et des politiques publiques. »

Nous vous présentons ci-dessous un portrait des deux nouveaux titulaires d’une chaire de recherche Canada 150 à 91.

Jennifer Welsh
(titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 en sécurité et en gouvernance internationales)

Par Amanda Testani et Chris Chipello

Son rôle de professeure d’influence, son expérience diplomatique et sa mobilisation du public font de une candidate parfaite pour son nouveau rôle. En sa qualité de titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 en sécurité et en gouvernance internationales, elle concentrera ses activités sur l’évolution des conflits armés et sur leur réglementation, notamment à l’égard du rôle d’organismes clés comme les Nations Unies, les forces armées nationales, les groupes armés non étatiques et les organismes humanitaires

Durant les années où elle a enseigné les relations internationales à l’Université d’Oxford, Mme Welsh s’est taillé une place de choix parmi les plus remarquables penseurs du monde en matière d’histoire et de pratique de l’intervention humanitaire. En 2013, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon l’a nommée conseillère spéciale pour la responsabilité de protéger, un engagement politique pris par tous les chefs d’État afin de prévenir les atrocités comme le génocide, les crimes de guerre etle nettoyage ethnique, et d’y mettre fin.

Boursière Rhodes et ancienne lauréate de la Fondation Trudeau, Mme Welsh a contribué à la création et à la direction de l’, le premier institut interdisciplinaire en son genre en Europe. Depuis 2014, elle est professeure et titulaire de la Chaire enrelations internationales à l’Institut universitaire européen de Florence, en Italie, d’où elle a continué de mener le projet du Conseil européen de la recherche sur l’.

À 91, Mme Welsh sera affectée à la fois au Département de sciences politiques et à la nouvelle École de politiques publiques Max Bell. Elle assurera par ailleurs la direction du Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale, qui regroupe des chercheurs de 91 et de l’Université de Montréal s’intéressant à des questions situées à la frontière des relations internationales et de la politique publique.

« Nous sommes extrêmement privilégiés et impatients d’accueillir une chercheuse d’exception, de retour au Canada afin d’intégrer l’Université 91. La professeure Welsh jouit d’une formidable renommée, et nous sommes heureux que ses travaux et ses réalisations soient ainsi reconnus », a souligné la professeure Antonia Maioni, doyenne de la Faculté des arts.

De Regina à Oxford

D’ascendance métisse, Mme Welsh est née et a grandi à Regina, en Saskatchewan. Après des études en sciences politiques à l’Université de la Saskatchewan, elle a obtenu une maîtrise et un doctorat en relations internationales à l’Université d’Oxford. Toute jeune, Mme Welsh voulait être journaliste; elle était déjà fascinée par l’actualité internationale, qui devenait de plus en plus accessible grâce à l’avènement des médias mondiaux en temps réel. C’est pendant ses études à Oxford, durant une période marquée par des événements historiques comme les manifestations de la place Tian’anmen et la fin de la guerre froide, qu’elle s’est rendu compte qu’elle voulait faire de la recherche et enseigner en relations internationales.

Au début des années 2000, Mme Welsh s’est en outre démarquée comme l’une des voix universitaires les plus influentes en matière de politique étrangère canadienne. Dans la foulée des attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, elle a proposé pour le Canada une orientation stratégique qui prévoyait l’établissement d’une nouvelle relation avec les États-Unis – dans le cadre d’une collectivité nord-américaine élargie – ainsi qu’un programme de mobilisation mondiale qui a transcendé le rôle historique du Canada en tant que « moyenne puissance ». Cette stratégie est énoncée dans son ouvrage paru en 2004 intitulé At Home in the World: Canada’s Global Vision for the 21st Century. En 2005, le premier ministre Paul Martin lui a demandé d’être la rédactrice principale de l’Énoncé de politique internationale du Canada, qui demeure l’examen stratégique exhaustif de la politique étrangère du Canada le plus récent et qui porte notamment sur la défense, la diplomatie et le développement.

Un morceau du mur de Berlin

La plus récente contribution de prestige de Mme Welsh à la recherche universitaire et au débat public a eu lieu en 2016 par l’entremise des , unesérie de conférences publiques tenues dans différentes villes du Canada et diffusées à la radio du réseau CBC.

Le 9 novembre 1989, Mme Welsh était étudiante aux cycles supérieurs à l’Université d’Oxford quand sont apparues à la télévision des images d’Allemands de l'Est arrachant à coups de burin des morceaux du mur de Berlin. En compagnie de camarades de classe, elle s’est envolée vers Berlin pour assister en personne à cet événement historique.

« À notre arrivée, le lendemain, la fête le long du mur battait son plein », se rappelle-t-elle dans , un ouvrage résumant ses conférences Massey présentées par le réseau CBC. « On a estimé à près de deux millions le nombre d’Allemands de l’Est qui s’étaient rendus à Berlin-Ouest le week-end suivant la chute du mur […] je suis rentrée à la maison en rapportant, outre mon propre morceau de mur orné d’un graffiti, la sensation euphorique de m’être trouvée au cœur de l’histoire. L’effondrement des régimes communistes a été si rapide que les experts et les journalistes pouvaient à peine suivre le rythme. »

L’histoire est de retour

Dans son livre, Mme Welsh analyse le sort du pronostic optimiste formulé en 1992 par le politologue américain Francis Fukuyama à propos de la « fin de l’histoire » et examine quatre tendances qui ébranlent les normes démocratiques libérales tant ici qu’à l’étranger. Le chapitre portant sur le retour de la barbarie décortique l’élaboration et l’évolution du droit international humanitaire et examine comment l’influence de cette discipline est érodée par les intervenants étatiques et non étatiques – un sujet sur lequel la chercheuse se penche dans le cadre de ses travaux.

« La démocratie libérale a traversé de nombreuses crises au cours de sa brève histoire, écrit-elle. Mais sa capacité à surmonter ces crises a émoussé jusqu’à la complaisance la vigilance des dirigeants politiques et des citoyens au sein même des sociétés occidentales. L’aveuglement partiel entretenu par le souvenir de nos succès passés risque maintenant de nous précipiter dans une période de troubles économiques et politiques qui pourrait durer une décennie, voire davantage. L’histoire est de retour, et elle n’entend pas à rire. »

Mme Welsh revient au Canada après avoir passé près de 20 ans en Europe, à l’heure où le Vieux Continent est confronté à une série de défis – notamment le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, l’afflux continu de réfugiés et la montée des partis populistes qui tiennent un discours nationaliste et anti-immigration. Même si elle admet que tout ce qui fait vibrer la société, la culture et la politique européennes lui manquera, elle est impatiente de pouvoir contribuer à la recherche universitaire et au débat public dans son pays natal.

« Pendant presque toute ma vie, j’ai été ce que les théoriciens politiques appellent une “cosmopolite enracinée”, explique-t-elle. J’éprouve de la fierté quand les gens me disent que j’ai toujours l’accent canadien, et je suis encore profondément attachée à mon pays et aux miens. Je suis ravie de savoir que mes enfants grandiront dans le pays qui m’a tant apporté. »



Jonathan Sievers
(titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 en cosmologie théorique et observationnelle)

Par Chris Chipello

Depuis sa création il y a trois ans, l’Institut spatial de 91 (ISM) s’est démarqué comme l’un des plus importants centres de recherche en astrophysique et en cosmologie du Canada, et sa dernière recrue hissera un peu plus haut sa renommée.

Responsable depuis une décennie de la cartographie réalisée à partir des données recueillies par le , situé dans les hauteurs des Andes chiliennes, « a révolutionné à lui seul la façon dont les chercheurs dressent la carte du cosmos », souligne Victoria Kaspi, directrice de l’ISM.

Le télescope d’Atacama a été construit en 2007 dans le but d’observer aux fins fonds de l’espace l’incandescence résiduelle du Big Bang. L’étude de ce phénomène, que l’on appelle le fonds diffus cosmologique, a transformé la compréhension qu’ont les astronomes de la cosmologie. C’est M. Sievers qui a rédigé les algorithmes qui permettent aux puissants superordinateurs de convertir les données brutes recueillies de l’Atacama en cartes représentant le fonds diffus cosmologique; les astronomes utilisent ensuite ces cartes pour mesurer avec précision l’âge de l’Univers et de ses éléments.

M. Sievers est également reconnu comme chef de file dans l’étude des amas de galaxies – de vastes regroupements de galaxies retenues les unes aux autres par la force gravitationnelle. Il est en outre l’un des auteurs principaux d’un article fondamental paru en 2015 dans la revue Nature, qui portait sur le phénomène cosmique mystérieux des sursauts radio rapides récemment découvert. L’étude de ces sursauts a contribué à orienter les stratégies d’observation des nouveaux télescopes, dont le récemment inauguré en Colombie-Britannique. (Les chercheurs mcgillois jouent un rôle de premier plan dans le projet CHIME, en collaboration avec leurs confrères de l’Université de Toronto et de l’Université de la Colombie-Britannique.)

Cosmologie haute technologie

Bien que le Canada joue déjà un rôle d’envergure à l’échelle mondiale dans le domaine de la cosmologie, le savoir-faire de M. Sievers en matière d’analyse de données permettra de faire le pont entre nos cosmologistes théoriques de renommée internationale, comme Robert Brandenberger de l’Université 91, et nos grands concepteurs d’instruments d’observation cosmologique, dont fait partie Matt Dobbs, de l’ISM.

L’arrivée de M. Sievers « donnera au Canada la capacité de mener de bout en bout et de façon indépendante d’importants projets de recherche en cosmologie de pointe, explique M. Dobbs. Il est le candidat parfait pour interpréter les données qui résulteront bientôt de nos expériences reposant sur la raie à 21 cm, qui nous aideront à mieux comprendre la nature de l’énergie sombre et à lever le voile sur l’Âge des ténèbres cosmiques. »

Après avoir obtenu des baccalauréats en physique et en mathématiques et une mineure en musique au MIT en 1997, M. Sievers a entrepris un doctorat en astronomie à Caltech. À la suite de ses études postdoctorales à titre de boursier de l’Institut canadien d’astrophysique théorique, il a été chercheur agrégé à l’Université de Princeton pendant deux ans.

Depuis 2013, M. Sievers occupe un poste de professeur de recherche à l’Université du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, où il dirige la mise sur pied d’un imposant réseau de télescopes appelé HIRAX. Ce projet de collaboration internationale, auquel participent 25 établissements, a pour but de cartographier le ciel vu de l’hémisphère Sud, tout comme le projet CHIME cartographie le ciel vu de l’hémisphère Nord.

« L’orientation insufflée par le professeur Sievers au projet HIRAX complète à la perfection le travail qui se fait dans le cadre du projet CHIME, ajoute Mme Kaspi. Son arrivée à 91 contribuera à cimenter les liens de collaboration qui existent entre les scientifiques du projet CHIME et ceux du projet HIRAX. »

Le réseau de télescopes HIRAX de l’hémisphère Sud pourrait aussi constituer un outil puissant pour étudier les pulsars, des étoiles à neutrons fortement magnétisées en rotation rapide sur elles-mêmes qui font aussi partie du champ d’expertise de l’ISM.

Aux confins du monde

Tout comme Matt Dobbs, dont les projets de construction de télescopes l’ont conduit à des endroits aussi reculés que le pôle Sud, M. Sievers est un habitué des lieux exotiques. Il est chercheur principal dans le cadre d’une expérience qui se déroule sur l’île Marion, à mi-chemin entre l’Afrique du Sud et l’Antarctique – loin des interférences radio produites par l’activité humaine, qui ont entravé les efforts antérieurs visant à percevoir une phase critique de l’univers primordial. L’île Marion, dont M. Sievers a pris connaissance dans le magazine de bord de South African Airways,sert principalement de centre de recherche en zoologie et en botanique; le groupe du professeur Sievers est la première équipe d’astronomes à y travailler.

« Un navire de recherche visite l’île une fois par année, pendant environ trois semaines; tout le matériel et les pièces de rechange doivent être débarqués durant cette période, explique M. Sievers. À l’occasion du voyage de 2017, notre équipe a repéré un emplacement approprié sur l’île, mis en place les antennes et toute l’infrastructure nécessaire pour que l’on puisse recueillir des données au nouveau site pendant un an. L’analyse n’est pas encore terminée, mais les premières données recueillies sont magnifiquement claires, sans aucune interférence décelable dans la bande de signaux attendue, ce qui nous permet d’espérer que nous serons parmi les premiers groupes à détecter les traces de la première lumière de l'univers. "

, maître de conférences à l’Université du KwaZulu-Natal et scientifique principale responsable des instruments pour le projet de l’île Marion ainsi que pour HIRAX, viendra également enrichir la formidable équipe de radioastronomie de 91; elle se joindra au Département de physique et à l’ISM à titre de professeure agrégée. Mme Chiang a obtenu son doctorat à Caltech en 2008 et se consacre à la mise au point et au déploiement de technologies radicalement nouvelles pour les instruments d’astrophysique.

Nouveau quartier général

L’ISM, aménagé dans une maison de l’époque victorienne reconvertie située à la limite du campus de 91 au centre-ville de Montréal, deviendra le nouveau quartier général de M. Sievers et de Mme Chiang. Professeurs et étudiants aux cycles supérieurs se réunissent régulièrement au salon pour discuter de différents sujets, depuis la détection récente des ondes gravitationnelles jusqu’à la vie microbienne dans des milieux s’apparentant à ceux qu’on trouve sur Mars. Ils s’emploient aussi à expliquer les merveilles du cosmos au grand public à l’occasion des populaires activités de sensibilisation organisées par l’équipe d’astrophysique.

« L’astronomie frappe l’imagination depuis la nuit des temps, explique Bruce Lennox, doyen de la Faculté des sciences de 91. La participation très active du professeur Sievers aux plus grandspartenariats de recherche dans le monde enrichira la collectivité canadienne du secteur de l’astrophysique et élargira sa portée à l’échelle mondiale. »

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